L'ŒUVRE SCIENTIFIQUE DE LAMARCK.
Nous venons de voir quelle fut la vie de Lamarck: il nous faut maintenant
étudier son œuvre positive. Tour à tour botaniste, météorologiste, physicien,
presque alchimiste, géologue, paléontologiste, physiologiste, zoologiste, il a
accompli une tâche aussi diverse que considérable ; mais en dépit de la variété
des ses occupations et de la variation de ses conceptions, il reste toujours
semblable a lui-même, c'est un intuitif : aussi étranger à la science
expérimentale qu'à la mathématique, il est avant, tout systématiste, il ignore
complètement l'analyse. Non point qu'il puisse se contenter de cataloguer
simplement les productions naturelles : celles-ci ne lui apparaissent que comme
le résultat d'opérations dont il veut, en morphologiste accompli, saisir la
marche : mais il ne cherche point à reproduire tout phénomène donné ; il n'en
étudie pas non plus les éléments : tout de suite il est porté à l'interpréter en
bloc. L'hypothèse et le raisonnement logique sont la base même de sa méthode ;
pratiques insensées pour tout autre qu'un homme de génie. De là, les erreurs
enfantines, comme aussi les prévisions éminentes de ses théories. Sa philosophie
trouve sa raison d'être dans la classification. C'est l'aboutissant du travail
de ces encyclopédistes qui ont voulu au XVIIIe siècle, classer et décrire
l'Univers. Mais pour comprendre la portée philosophique de l'œuvre de LAMARCK,
il faut connaître tout d'abord l'ensemble de son savoir scientifique, les faits
qu'il a connus, ceux qu'il a découverts, et l'interprétation qu'il en a donnée,
erreurs ou vérités, car toutes ont joué un rôle dans l'élaboration de ses
meilleures conceptions.
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